lundi 18 avril 2011

Les uniformes de la Grande Armée


Avant-propos :
Avant d'évoquer les uniformes napoléoniens (voir galerie complète sur le site), un préambule historique s'impose.


1789: Un autre monde


La Révolution française modifie presque tous les aspects de la vie militaire en Europe. Les armées "classiques" du XVIIIe siècle vont vite apparaître dépassées.

Uniformes français sous la Révolution (Garde-côte, carabinier, fantassin de ligne, sapeur, artilleur)
En 1791, l'Assemblée législative met en application une série de doctrines d'infanterie inspirées par les défaites françaises face aux Prussiens lors de la guerre de Sept Ans. Les nouveaux développements exploitent le courage et le patriotisme du soldat, rendu bien plus puissant par la Révolution. Les changements ont également placé une grande confiance dans le soldat, ce qui aurait été complètement inimaginable dans les périodes précédentes. On attendait des troupes françaises qu'elles harcèlent l'ennemi et soient assez fidèles pour ne pas fuir le combat ; un avantage que les autres armées de l'Ancien Régime n'avaient pas. Cependant, dans les faits, les désertions existent toujours.

Après la déclaration de la république et l'éclatement de la guerre en 1792, le grand nombre d'ennemis convergeant vers les frontières françaises incite le gouvernement à adopter des mesures radicales. Le 23 août 1793 devient un jour historique dans l'histoire militaire ; à cette date la Convention nationale appelle à une levée en masse massive pour la première fois dans l'histoire contemporaine.

À l'été 1794, la conscription permet d'avoir environ 500 000 hommes disponibles pour le service. Les Français commencent alors à combattre contre leurs ennemis européens. Ils triomphent à la bataille de Fleurus par leur supériorité numérique et leur meilleure capacité de mobilisation.


Pendant la Révolution, les armées françaises deviennent sensiblement plus grandes que leurs opposants et, combinées avec le nouvel enthousiasme des troupes et des tactiques, les occasions stratégiques deviennent presque sans limites. En 1797, les Français défont la Première coalition, occupent la région de l'actuelle Belgique, la rive occidentale du Rhin et le nord de l'Italie, ce qui avait échappé aux Valois et aux Bourbon pendant plusieurs siècles. Mécontentes de la défaite, plusieurs puissances européennes forment une deuxième coalition mais en 1801, celle-ci est également battue.
Prise de la Bastille le 14 juillet 1789.

Un autre aspect clé du succès français est les changements opérés dans la classe des officiers. En effet, traditionnellement les armées européennes laissaient les positions principales de commandement à l'aristocratie et malgré les efforts de Richelieu et de Colbert pour ouvrir les postes d'officiers aux roturiers, Louis XVI reviendra en partie sur cela. La nature agitée de la Révolution française déchire la vieille armée française et place des hommes nouveaux aux commandes. En raison de la pression politique, de la concurrence, de la promotion, et des constantes campagnes, la France émerge des guerres de la Révolution avec les meilleurs officiers d'Europe, avantage essentiel pendant les guerres napoléoniennes qui suivirent. Au XIXe siècle, toutes les armées européennes assouplissent les conditions de promotion des officiers afin de se calquer sur le modèle amené par la révolution.

Les guerres révolutionnaires ont également établi la base de la théorie militaire moderne. Les auteurs ayant écrit à cette période ont tiré leur inspiration de la Révolution française où les grandes circonstances ont apparemment mobilisé la nation française entière pour l'effort de guerre. L'Allemand Carl von Clausewitz, par exemple, analyse en profondeur les ères révolutionnaire et napoléonienne pour son livre De la guerre sur les théories militaires. C'est dans ce livre qu'il donne naissance à la notion de « guerre totale »55.

Dans leur marche vers Paris en juillet 1792, un bataillon des Marseillais entonne un chant écrit quelques mois plus tôt par Rouget de Lisle pour l'armée du Rhin. Ce chant, très vite appelé La Marseillaise, deviendra l'hymne national français le 14 mars 1879.

Le Consulat, issu du coup d'État du 18 Brumaire an VIII de la République (9 novembre 1799), établit avec la Constitution de l'an VIII un régime politique autoritaire dirigé par trois consuls, le Premier Consul Bonaparte ayant en réalité l'ascendant sur les deux autres consuls, Sieyès et Ducos. Le régime dure jusqu'au 18 mai 1804, date de la proclamation de l'Empire.

Le Premier Empire qui suit le Consulat, est un régime instauré par Napoléon Bonaparte le 18 mai 1804 et s'achevant en avril 1814. Il revit de façon éphémère lors de l'épisode des Cent-Jours, du 20 mars au 22 juin 1815. Le plébiscite du 6 novembre 1804 légitime le passage au Premier Empire. Napoléon Bonaparte est sacré empereur à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804 sous le nom de Napoléon Ier.

Les efforts pour transformer la marine en une arme puissante sous Napoléon Ier sont réduits à néant aux batailles d'Aboukir en 1798 et de Trafalgar en 1805. Le désastre consacre la domination britannique sur les mers du globe jusqu’à la Première Guerre mondiale.

La maîtrise des mers se révèle en effet un atout fondamental pour les belligérants. Outre que le nord de l'immense empire français communique moins bien avec ses régions méridionales, c'est tout le commerce international qui, pour la première fois, devient un enjeu. Il ne s'agit pas encore de guerre mondiale ; cependant les colonies fournissent des matières premières (et donc indirectement un certain poids diplomatique) aux pays qui y ont accès : le blocus continental a ainsi beaucoup défavorisé la France. C'est dans ce contexte que la guerre de course arrive à son apogée. Le corsaire français Robert Surcouf se couvre de gloire en harcelant les marines marchandes et militaires britanniques, non seulement sur les mers d'Europe, mais aussi jusque dans celles des Indes.
L'Empire napoléonien en 1811. Le Premier Empire est en bleu foncé et l'empire élargi aux secteurs sous contrôle militaire français ou de ses alliés est en bleu-clair.

Entre 1805 et 1807 puis entre 1811 et 1814, l'armée impériale de Napoléon Ier est surnommée la « Grande Armée ». Sa composition est toutefois assez hétérogène avec notamment l'intégration de très larges contingents étrangers et le recours de plus en plus régulier à la conscription pour compenser les pertes françaises. La Grande Armée atteint ainsi un maximum de 600 000 hommes en 1812 au départ de l'invasion de la Russie.

En 1813-1814, on assiste au gonflement considérable des effectifs de la Garde impériale par l'incorporation des Marie-Louise, la création de nouveaux régiments (notamment 19 régiments de voltigeurs et 19 régiments de tirailleurs) et par l'essor pris par la Jeune Garde. En 1814, elle compte 110 000 hommes. Elle combat presque continuellement depuis le début de la campagne de Russie en juin 1812 jusqu’à la fin de la campagne de France en 1814.

Les guerres napoléoniennes bouleversent complètement les conceptions sur l’art de la guerre. Avant Napoléon, les États européens avaient des armées relativement petites, avec une forte proportion d’étrangers et de mercenaires combattant parfois leur pays d’origine pour une puissance étrangère. Avec lui, apparaissent les premières armées nationales à recrutement massif.

L'héritage napoléonien est d'importance avec des innovations dans l’augmentation de l'usage de la mobilité pour compenser l'infériorité numérique française56. Le rôle de l’artillerie se trouve considérablement accru lors de la bataille, qui forme désormais des unités mobiles et indépendantes et non plus seulement un appui des autres unités, comme la bataille de Wagram en juillet 1809 en est l'archétype57.
Le Nautilus de 1800 est le premier sous-marin de guerre . Les guerres napoléoniennes ont révélé l'importance géostratégique de la marine.

Napoléon standardise les calibres de canons, de façon à faciliter les approvisionnements et à assurer une meilleure compatibilité entre les pièces. Il sait aussi se servir de la science, notamment dans l’amélioration de l’intendance des armées. Surtout, la conduite de la guerre est changée : le but recherché est la destruction des armées adverses et donc de lui infliger des pertes maximales pendant et après la bataille, par une poursuite de cavalerie légère. L'armée profite aussi des réformes de Lazare Carnot qui a joué un rôle fondamental dans sa réorganisation en 1793-1794, lorsque le sort de la France se jouait, avec des armées devant faire face à des fronts multiples58.

Les guerres de cette époque répandent certaines innovations technologiques, comme le télégraphe Chappe qui permet à Carnot de communiquer avec les armées françaises combattant sur les frontières, et l'utilisation des ballons pour espionner les positions ennemies59. Dès 1800, le Directoire faisait construire le premier sous-marin de guerre, le Nautilus, par Robert Fulton, en vue de contourner le blocus continental imposé par le Royaume-Uni.